Des distractions pour aider la mémoire des séniorsUne expérience a démontré que l'on pouvait pousser les
performances mnésiques des personnes âgées au même niveau que celles des
plus jeunes.La mémoire est de moins en moins fiable avec l'âge,
même s'il existe de grandes variations entre les individus. Autre
inconvénient, peut-être moins connu, le fait que l'on se laisse plus
facilement distraire à 70 ans qu'à 20 ans. Pourtant, il serait possible
de contourner ces handicaps inhérents au vieillissement.
Lynn Hasher, professeur de psychologie à l'Université de Toronto
(Canada), mène depuis plus de trente ans des recherches sur l'évolution
de l'attention avec l'âge. L'an dernier, elle publiait les résultats
d'une expérience menée avec deux doctorantes, Renée Biss et Karen
Campbell, qui confirmait à quel point les sexagénaires et les
septuagénaires encombrent leur mémoire de souvenirs inutiles. Une
information futile peut parfois s'ancrer durablement là où un sujet plus
jeune l'éliminera rapidement. Hasher et son équipe se sont demandé s'il
n'était pas possible de transformer en avantage cette faiblesse de
l'attention. Les résultats ont été publiés le 20 février dans la revue
Psychological Science .
Dans un premier test, les sujets devaient se souvenir d'une liste de
mots et la restituer dans l'ordre. Sans surprise, les jeunes de moins de
30 ans ont mieux réussi que les plus de 60 ans. Mais là où l'expérience
est devenue plus étonnante, c'est en démontrant que l'on pouvait
pousser les performances mnésiques des seniors au même niveau que celles
des plus jeunes. En pratique, les chercheurs ont projeté des
micro-rappels des mots utilisés lors la première expérience, pendant
qu'ils effectuaient un second test, visuel celui-là, qui n'avait plus
rien à voir avec la mémorisation verbale.
Dans un troisième test, les sujets devaient à nouveau réciter les mots
du premier test. Résultat: une amélioration de la mémorisation des mots.
Il suffirait donc de transformer en distractions les éléments dont les
seniors veulent se souvenir (alarmes, Post-it, objets) et de réduire les
risques de distraction lorsqu'il s'agit d'effectuer une tâche
nécessitant une attention maximale. Mais l'activité intellectuelle reste
essentielle au maintien des fonctions cognitives.